Réchauffement climatique, effondrement, l’île de pâques et le symbole moaï
L’histoire est une galerie de tableaux où il y a peu d’originaux et beaucoup de copies (Alexis de Tocqueville) / Nous ne sommes jamais des vrais historiens, nous sommes toujours un peu poète (Gaston Bachelard) / Sous forme de boutade, un vieux proverbe dispose que les historiens ne peuvent même pas prédire le passé. Qu’apprenons-nous de l’Histoire ? Qu’apprenons-nous de nos expériences ? Et que peuvent nous apprendre (ou révéler) les statues moaïs de l’île de Pâques ? Questionnement étrange, et pourtant…
Suite à l’assèchement du lac Rano Raraku, sur l’île de Pâques, une équipe d’archéologues a eu l’étonnante surprise d’y découvrir une statue moaï.
Oeuvre des matamua, « ceux d’autrefois » en maori, ces monumentales sculptures, dont la taille varie de 2,5 à 9 mètres, fascinent les occidentaux depuis leur découverte au XViéme siécle. Quelle est leur fonction / leur rôle ? Pourquoi la taille de ces statues n’a cessé d’augmenter au fil des années ? Comment expliquer cette poussée édificatrice ?
🏃 Une course au prestige: plus grand est la statue moaï, plus grand est le pouvoir du chef
De son côté, le géographe Jared Diamond avance cette hypothèse: « l’augmentation de la taille des statues » est sans doute la conséquence « d’une concurrence entre les chefs commanditaires” desdites sculptures “ qui les utilisaient pour rivaliser entre eux. »
Une course effrénée à la gloire, au prestige, c’est ce qui aurait conduit les populations locales « à dépasser les limites » de leur territoire et « à investir dans leur construction » égocentrique de loin la plus grande quantité de ressources dont ils disposaient (comme le bois pour le transport des moaïs, la pierre pour la fabrication des statues, etc.)
🗿 Alors, le moaï: un symbole d’effondrement ?
« Las ! La déforestation a finalement condamné l’île. Les statues de Pâques sont le symbole de ce dont elles sont en partie la cause: les dangers de la surexploitation des milieux. Symbole d’une évidente actualité à l’heure de la crise climatique qui, ironie de l’histoire, a justement révélé un nouveau Moai, » écrit Octave Larmagnac-Matheron dans le Philosophie Magazine (avril 2023)
🔎 Revenons à nos questions: Qu’apprenons-nous de l’Histoire ? Qu’apprenons-nous de nos expériences ? Sans doute pas grand chose, quand on y comprend quelque chose.
Oui l’erreur est humaine. Oui nous apprenons par essai / erreur. Mais persévérer dans l’erreur est diabolique (« errare humanum est perseverare diabolicum » expose le célèbre proverbe). Dés lors, collectivement ou individuellement, répéter son erreur, encore et encore, n’est-ce pas déposer un choix ? N’est-ce pas prendre une décision ?
Ne doutez jamais du fait qu’un petit nombre de gens réfléchis et engagés peuvent changer le monde. En vérité, c’est la seule chose que l’on n’a jamais fait, Margaret Mead / La majorité se compose d’un petit nombre de meneurs énergiques, de coquins qui s’accommodent, de faibles qui s’assimilent et de la masse qui suit cahin-caha, sans savoir le moins du monde ce qu’elle veut, Goethe / Le monde est finalement sauvé par un petit nombre d’hommes et de femmes qui ne lui ressemblent pas, François Mauriac
Une autre hypothèse de la déforestation, pour penser plus loin: Pour l’anthropologue Benny Peiser, la cause est bien différente, même si toujours humaine. Pour lui, qui s’appuie sur d’anciennes descriptions de l’île de Pâque d’avant 1860, « ce sont les animaux domestiques introduits par les Européens qui ont fait disparaître les forêts, permettant ainsi l’érosion qui a ravagé les sols. »
Sources: