Alors, bonne ou mauvaise conseillère la rage ? La réponse est simple: en tant que telle, la colère n’est rien du tout et ne conseille absolument pas, elle est aveugle et aveuglante. Toutefois, la colère peut être une aide – à condition d’être orientée, d’être canalisée vers un objectif (à long terme) précis.

La colère est nécessaire ; on ne triomphe de rien sans elle, si elle ne remplit l’âme, si elle n’échauffe le coeur ; elle doit donc nous servir, non comme chef, mais comme soldat, Aristote

Comme toutes émotions négatives, la colère à mauvaise réputation – considérée par beaucoup comme potentiellement destructrice, ou dangereuse. Dès lors, la stratégie est de l’éviter, de la supprimer, de l’ignorer, de la mépriser, de s’en détourner. « Pourtant, la recherche scientifique révèle qu’aussi déplaisants soient-ils, ces ressentis (les émotions négatives) peuvent s’avérer utiles. Ils entreraient pour une part importante dans notre vie et dans la réalisation de nos objectifs. En orchestrant des réactions physiologiques et psychologiques puissantes face à des situations qui nous tiennent à cœur et semblent ne pas se passer comme nous l’esperions, ils sont parfois le point de départ d’une action qui tend à améliorer les choses. » (Quand la rage libère, Heather Lench, professeure de psychologie et de neurosciences à l’université du Texas, extrait du magazine Cerveau et psycho n°166 juin 2024)

La colère au laboratoire

Dans une série d’expériences Heather Lench et son équipe ont mis en rogne des participants avant de leur proposer de résoudre des problèmes complexes, comme des anagrammes ou des casses-tête. Résultat ? « Les individus qui s’étaient mis en colère lors de la première phase de l’expérience obtenaient un meilleur taux de succès dans les défis qu’ils devaient relever. »

​​Agir dans la colère, c’est s’embarquer dans la tempête, proverbe allemand

La colère dans la vie de tous les jours

Au quotidien, néanmoins, la colère peut être utile pour résoudre des obstacles, oui, mais à condition de ne pas y succomber. Les émotions ne sont pas directionnelles. « Elles ne nous poussent pas nécessairement vers un type d’action précis pour résoudre un problème donné ou atteindre un but défini, et c’est nous de définir ce but ce but pour donner à cette émotion un rôle utile. »

La colère et quand la raison s’en mêle (ou s’emmêle ?)

Au final, « quand vous sortez de vos gonds, posez-vous la question: quel est mon objectif ? Et sélectionnez et entreprenez ensuite des actions qui vont dans ce sens. »

Quand l’animosité gronde, rien de moins simple que de se poser la question: qu’est-ce que j’en fais ici et maintenant ? Quel objectif à long terme ce déclencheur « colère » peut m’aider à dépasser ? La colère est un message, et vous êtes le messager. A vous de guider cette émotion qui n’est pas des plus confortable, certes…

Source: Cerveau et psycho n°166, Comment gérer sa colère, juin 2024