Les transactions en Analyse Transactionnelle : une clé pour mieux communiquer au quotidien
Chaque conversation, chaque regard, chaque geste partagé est bien plus qu’un simple échange : c’est la rencontre de deux mondes, de deux univers. Derrière ces interactions que nous croyons souvent banales ou anodines se cache un mécanisme d’une richesse insoupçonnée, que l’Analyse Transactionnelle appelle les transactions : sorte de fil invisible, qu’il soit verbal ou non verbal, et qui nous relie à l’autre à chaque instant. Apprendre à lire ces transactions, c’est percer le secret de la dynamique relationnelle : comprendre comment se tissent nos liens et naissent nos malentendus. Savoir reconnaître, comprendre et ajuster nos transactions, c’est apprendre à mieux se relier à soi et aux autres. C’est ouvrir la voie à des échanges plus fluides, plus authentiques, plus nourrissants.
Comprendre les transactions, c’est apprendre à décoder ce qui circule réellement entre nous, à lire ce qui se joué réellement lors de nos échanges : bien au-delà des mots, ce sont nos émotions, nos besoins et nos attentes profondes qui prennent la parole, qui s’expriment.
Qu’est-ce qu’une transaction ?
À chaque fois que nous prenons la parole, que nous adressons un geste, un regard ou même un silence à quelqu’un, nous initions une transaction. C’est mathématique, et nous ne pouvons échapper (on ne peut pas ne pas communiquer): j’envoie un message, l’autre y répond, et le lien se tisse. Concrètement, chacun s’exprime ou agit ou ne ne réagit pas à partir d’une partie de soi (son Parent, son Adulte ou son Enfant) et s’adresse à une partie équivalente ou différente chez l’autre. Ce qui amène des transactions complémentaires, ou cachées, ou croisées.
Dit autrement: une transaction c’est un échange de signes de reconnaissance entre deux personnes, composé d’un stimulus (ce que l’un émet) et d’une réponse (ce que l’autre renvoie). Chaque transaction est initiée à partir d’un « état du moi » (Parent, Adulte ou Enfant) de l’émetteur et s’adresse à un état du moi spécifique chez le récepteur.
Les trois grands types de transactions
Rappelons-le ! Dans chaque transaction, nous parlons à partir d’un État du Moi : Parent, Adulte ou Enfant. Et nous nous adressons aussi à un État du Moi particulier chez l’autre. Par exemple, je peux parler en tant qu’Adulte à l’Adulte de mon interlocuteur. Partant l’Analyse transactionnelle distingue trois types principaux de transactions. En résumé,
- Parent : Comportements appris, normes, jugements. Parent Nourricier : protecteur, bienveillant, encourageant, parfois surprotecteur. Parent Normatif : donne des règles, fixe des limites, transmet des principes, parfois avec rigidité ou jugement.
- Adulte : Analyse objective de la situation ici et maintenant.
- Enfant : Réactions émotionnelles, créativité, spontanéité. Enfant Libre : spontané, joyeux, curieux, créatif, vivant pleinement ses envies et ses émotions. Enfant Adapté : qui ajuste son comportement pour plaire, éviter des conflits ou répondre aux attentes, parfois en se soumettant, parfois en se rebellant.
Pour en savoir plus sur les états du moi, cliquez ici !
« Une transaction est l’unité de communication sociale. » et L’analyse transactionnelle est […] fondée sur l’analyse de toutes les transactions possibles entre deux personnes ou plus, sur la base des États du Moi » (Eric Berne)
Transactions complémentaires (ou parallèles): quand le dialogue coule de source
La réponse est attendue et vient de l’État du Moi auquel elle était adressée. Exemple : « Peux-tu m’aider à porter ce carton ? » (Adulte à Adulte) « Oui, bien sûr, je viens t’aider. » (Adulte à Adulte) / « Quelle heure est-il ? »(Adulte à Adulte) / « Il est 15 h. »(Adulte à Adulte). Résultat : La communication peut se poursuivre sans accroc, parfois indéfiniment
Transactions croisées: dialogue de sourds
La réponse vient d’un autre État du Moi que celui visé, entraînant souvent un malentendu ou un conflit.
Exemple : « Peux-tu m’aider à porter ce carton ? » (Adulte à Adulte) / « Tu ne vois pas que je suis occupé ? » (Enfant à Parent). Ou: « Sais-tu où se trouve le dossier PARTICIPANTS en analyse transactionnelle ? » (Adulte à Adulte) / « Tu me reproches toujours de mal ranger les choses ! » (Enfant à Parent). Résultat : La communication est rompue ; pour qu’elle reprenne, l’un des interlocuteurs doit changer d’état du moi.
Transactions cachées (ou doubles): entre ce qui se dit et ce qui se joue en dessous, il y a tout un monde (et surement un jeu psychologique)
Il existe un message explicite (social) et un message implicite (psychologique). Deux messages sont envoyés en parallèle : un message explicite et un message caché, souvent porteur de double sens. La réponse s’adresse souvent au message caché. Exemple : (épouse, stimulus social) : « Tu vas encore regarder le match de hockey sur gazon chez tes copains ? » / A (stimulus psychologique sous-entendu) : « Tu ne t’occupes pas de moi. » / B : « D’accord, je reste avec toi ce soir. » Ou un compliment fait sur un ton sarcastique. Résultat : Ce sont les transactions psychologiques, souvent à l’origine de malentendus ou de jeux relationnels
Les jeux psychologiques : des séquences de transactions en boucle, et souvent cachées
Les transactions ne se produisent pas isolément : elles s’enchaînent, s’entrelacent et parfois se répètent. Quand un même scénario relationnel tourne en boucle, souvent sans que nous en ayons pleinement conscience, nous entrons dans ce que Eric Berne appelle un jeu psychologique. En surface, tout semble normal, voire banal. Mais en coulisses, quelque chose se joue : des messages cachés circulent, les rôles s’enclenchent, et l’issue est presque toujours la même — un malaise, un malentendu ou une frustration.Les jeux psychologiques comportent souvent des transactions cachées et aboutissent à un « bénéfice » négatif : confirmer une croyance limitante, justifier une émotion, éviter l’intimité…
Pourquoi rejouons-nous inlassablement ces scénettes qui nous font mal à la relation ? Parce qu’elles servent, bien malgré nous, un « bénéfice caché » : confirmer une croyance sur nous ou sur les autres, justifier une émotion familière, fuir l’intimité ou le changement.
Comprendre un jeu psychologique et déceler les transactions cachées, c’est se donner une chance et une permission de sortir de ces pièges relationnels et d’écrire un autre scène. Fini la boucle, place au renouveau.