Les gens sont beaux: chaque corps raconte une histoire. Laquelle ?
Qu’est-ce qui se cache derrière notre apparence ? Notre corps est un livre fermé qu’il est possible de feuilleter. Chaque corps raconte une histoire, et se moquer de quelqu’un parce qu’il est trop ceci, ou pas assez cela, c’est ne pas prendre acte de son récit de vie, que nous ignorons. Tous les gens sont beaux, explique Baptiste Beaulieu, médecin et écrivain, dans une bande dessinée magnifiquement illustrée par Qin Leng.
C’est l’histoire d’une petite fille qui rend visite à ses grands-parents, Yaya et Papou. Papou, à une cicatrice qui balafre son visage. Et qui peut effrayer.
Questionnée par cette trace, la petite fille lui demande d’où vient cette blessure. Et à son Papou de lui expliquer, et de généraliser son récit avec le fait que chaque être humain à des cicatrices, et que chaque cicatrice raconte son histoire. A qui souhaite la découvrir…
« Quand j’étais docteur, je peux te dire que j’en ai vu des corps. Des tordus, des blessés, des noirs, des blancs, des maigres, des gros. Des corps, j’en ai vu et toutes les histoires qui allaient avec. Les corps vont toujours avec une histoire. Et, quand on se moque de quelqu’un à cause de son corps; parce qu’il est trop ceci ou pas assez cela, on se moque aussi de son histoire, que très souvent on ne connaît pas. »
Papou et sa petite fille sillonnent ensuite Paris, à la rencontre de gens: des gros, des tordus, des maigres, etc. Derrière ces apparences, visibles, se camouflent Kakim, Rebecca, Maryline, Lionel et Antoine que Papou raconte: chaque corps cache un récit.
C’est bien là que réside le problème: cette volonté d’arrondir les angles, de louvoyer, de cacher. Un non-sens pour Papou.
« Le problème, c’est qu’on n’ose pas raconter nos blessures. Mais nos blessures guérissent mieux quand on les partage. que quand on les cache. Alors, au lieu de rester chacun dans son coin, on devrait se dire: c’est quoi, ta blessure ? C’est quoi, ton histoire ? » Et d’avoir en tête que: » Toutes les histoires peuvent se finir bien: il faut du temps, de l’amour, et se poser une bonne question (…) ce qui est arrivé est arrivé, c’est bon ou mauvais mais c’est arrivé, on ne peut rien changer au passé. Alors, qu’est-ce que j’en fais maintenant ? »
Faire avec et pas contre son passé. Le passé fait de nous qui nous sommes, sans toutefois nous définir. Il existe une marge de manœuvre. Accueillir son histoire, se l’approprier, la modeler et aller de l’avant…un sacré programme.
Source,
Les gens sont beaux, Baptiste Beaulieu, illustrations Qin Leng, Les arènes, 2022