Chaque jour, que nous en soyons ou non conscient, nous poursuivons inlassablement trois quêtes: être stimulé, être reconnu, donner du sens et un cadre à notre existence. Ces trois soifs fondamentales, sortes de besoins innés qui nous animent en permanence, ne sont pas des caprices : ils sont gravés au cœur de notre humanité. Sans stimulation, nous nous éteignons. Sans reconnaissance, nous nous fanons. Sans structuration, nous nous perdons. Mais comment organisons-nous concrètement notre temps pour répondre à ces besoins ? L’Analyse Transactionnelle, développée par Eric Berne, propose une grille de lecture qui identifie six grandes manières d’organiser notre temps social. Allons à leur rencontre.
C’est profondément inscrit en nous: dans notre cœur et notre âme ; trois soifs fondamentales nous traversent, insatiables et vitales. La soif de stimulation, pour sentir que l’on est vivant, connecté au monde. La soif de reconnaissance, pour être vu, entendu, reconnu dans notre existence. La soif de structuration, pour donner un sens, un rythme, un cadre à nos journées.

Qu’on le veuille ou non, ces soifs nous habitent et nous guident : ils façonnent nos comportements, nos choix, nos relations. Les négliger ou leur tourner le dos, c’est ouvrir la porte à l’ennui, au désordre intérieur, à la perte de sens. Afin de répondre à nos soifs essentielles, nous avons donc tous, souvent sans même y penser, développé des manières bien à nous d’occuper notre temps et de créer du lien avec ceux qui nous entourent. D’après Eric Berne, il existe six grandes façons de structurer notre quotidien. Chacune tente, à sa manière, de nourrir nos besoins de stimulation, de reconnaissance et de structuration.

Le temps est la chose la plus précieuse qu’un homme puisse dépenser, Théophraste

Le retrait: moment d’introspection, se couper pour mieux se protéger

Le retrait, ce sont ces instants où nous sommes là, en apparence, mais ailleurs dans notre tête. Présents physiquement, absents mentalement, nous nous replions dans notre monde intérieur, entre réflexion, rêverie ou besoin de pause. Bien que nécessaire pour l’équilibre mental, un retrait excessif peut signaler une difficulté à établir des contacts authentiques et à satisfaire nos besoins de reconnaissance et de stimulation.

Le rituel: des interactions codifiées pour tisser du lien en douceur

Les rituels sont des comportements socialement codifiés: ce sont ces gestes du quotidien que tout le monde connaît – un bonjour échangé, un café pris ensemble, un sourire automatique. Ils rassurent, posent un cadre, et offrent une reconnaissance simple, sans prise de risque. Ils répondent partiellement à notre soif de reconnaissance mais de façon superficielle, sans engagement profond.

Le passe-temps. Échanger sans se dévoiler: légères conversations sans enjeu, les small talks

Les passe-temps, ce sont ces échanges légers où l’on papote météo, dernier match ou actualité du jour. Plus personnels que les simples rituels, ils ouvrent la porte à un vrai dialogue, sans quitter la zone de confort. Ils offrent de la structure, créent du lien, et permettent de se reconnaître mutuellement, sans trop se dévoiler. Bien souvent, c’est par ces conversations anodines que naissent, petit à petit, des relations plus profondes.

L’activité: focus sur la tâche (souvent professionnelle)

Travailler, collaborer, construire un projet ensemble : l’activité est une manière active et socialement valorisée de structurer le temps. Elle stimule, mobilise les compétences, procure reconnaissance et fierté. Pourtant, elle peut aussi cacher une pauvreté relationnelle: ces interactions centrées sur le « faire » plutôt que sur « l’être » répondent principalement à notre soif de structure et peuvent laisser insatisfaites nos besoins plus profonds de connexion.

Le jeu psychologique: transactions cachées

Le jeu psychologique est un scénario répétitif et inconscient dans lequel chacun tient un rôle bien précis. Ces jeux, souvent sources de tension et d’inconfort, visent maladroitement à satisfaire nos soifs de reconnaissance, mais finissent par nourrir mal-être et frustrations. Bien que dysfonctionnels, ces jeux offrent une forte stimulation émotionnelle et une forme de reconnaissance, même négative.

L’intimité: l’échange authentique

C’est l’échange dans sa forme la plus authentique : sans rôle, sans masque, dans une véritable rencontre de soi à soi, de soi à l’autre. C’est la manière la plus profonde et nourrissante de structurer notre temps. Elle demande du courage, de la confiance et ouvre la voie à des relations profondes et enrichissantes.

Les Bushmen du désert de Kalahari parlent de deux sortes de « soif ». Il y a la Grande soif et la Petite soif. La Petite soif revient à se désaltérer, tandis que la Grande soif, la plus grande de toutes, c’est la soif de sens… Ultimement, il n’y a qu’une seule chose qui rende les êtres humains profondément amers, c’est de s’imposer une vie sans signification… Il n’y a rien de mal à rechercher le bonheur… Mais pour le confort de l’âme…il existe quelque chose de plus grand que le bonheur ou le malheur, et c’est le sens. Car le sens transfigure tout… Lorsque ce que vous faite a un sens pour vous, il importe peu que vous soyez heureux ou malheureux. Car vous êtes serein – vous n’êtes pas seul en esprit – vous avez un sentiment d’appartenance, The Journey of Sir Laurens van der Post

Prendre conscience de la façon dont nous structurons notre temps, c’est se donner une chance de mieux nourrir nos besoins vitaux de stimulation, de reconnaissance et de structuration.

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