Connaissez-vous la métaphore de l’âne de Buridan ? Qui illustre la paralysie décisionnelle face à deux choix, semble-t-il, perçus comme égaux. Mieux vaut une décision imparfaite qu’une hypothétique et chimérique décision parfaite – qui n’existe probablement pas. On en parle 🙂

Dans une vaste plaine baignée par le soleil d’un après-midi d’été, un âne avançait lentement, et de plus en plus péniblement. Sa peau luisait sous les rayons brûlants, et ses pas devenaient de plus en plus lourds. Il avait marché des heures et la chaleur l’avait épuisé. La soif serrait sa gorge comme un étau, et son ventre gargouillait d’un vide profond. Son souffle rauque résonnait dans le silence, un soupir long et éreinté que le vent emportait comme une plainte oubliée.

Au loin, il aperçut deux promesses : à gauche, un grand seau d’eau claire, frissonnant sous l’ombre d’un acacia solitaire ; à droite, un beau tas de foin, doré et opulent, comme une offrande divine. Ses yeux fatigués brillèrent d’un éclat fugace. La joie s’empara de son coeur. Le salut était là, devant lui, à portée de sabot.

Cependant, il s’arrêta net, planté entre les deux merveilles ; en proie à une hésitation qu’il n’avait jamais connue. 

  • L’eau lui parlait, elle lui promettait d’adoucir sa gorge aride, d’éteindre le feu qui brûlait dans son corps.
  • Le foin lui murmurait une autre mélodie, celle de la satiété, du réconfort d’un ventre plein. Deux voix qui s’entrelassaient, insidieuses, jusqu’à brouiller son esprit.

« Choisir l’eau serait sage, » pensa-t-il, « mais mon ventre affamé n’attendra pas. »
Il fit un pas vers le foin, puis s’arrêta.
« Et si, en mangeant, ma soif devenait insupportable ? »

L’âne recula, le regard voilé par le doute. Il se tourna vers l’eau et s’en approcha lentement. Elle était si limpide qu’il croyait y voir le reflet de ses pensées. Mais chaque fois qu’il tendait le cou pour boire, le parfum du foin venait le chercher, comme un souvenir qu’on ne peut chasser.

Le temps s’étirait, cruel et indifférent. Dans cet espace entre l’eau et le foin, l’âne n’était plus qu’un spectateur de sa propre fin. Alors que la nuit tombait, l’âne, épuisé par sa réflexion et affaibli par son inaction, se laissa tomber au sol. Les étoiles scintillaient au-dessus de lui, témoins silencieuses de son échec. Il mourut là, entre l’eau et le foin, à quelques pas seulement de ce qui aurait pu le sauver.

Ce n’est pas le manque qui tue, mais le trop-plein d’hésitation. Le bonheur n’est pas dans le choix parfait, qui n’existe, souvent, pas.  La peur de se tromper peut nous paralyser au point de nous empêcher d’agir. Dans la vie, même une décision imparfaite est souvent mieux que l’inaction totale.

Quel sens ?

Le problème de la rationalité parfaite : Confronté à deux choix strictement identiques en termes de bénéfices, beaucoup d’entre nous peuvent se sentir paralysé par l’incapacité à prendre une décision. L’inaction peut parfois être plus préjudiciable qu’une action imparfaite.

L’inaction face à l’incertitude : les dangers de l’indécision ou de la sur-analyse. Un excès d’analyse peut entraîner une paralysie décisionnelle. La peur se tromper…

Paradoxe du choix: trop de choix peut tuer le choix. Théorie psychologique et comportementale développée par Barry Schwartz, qui explore l’idée selon laquelle avoir trop de choix peut conduire à une diminution de la satisfaction et du bien-être.

Et vous, quel sens donneriez-vous à cette métaphore ?