Accompagner une personne vers un mieux-être, un objectif professionnel ou personnel ou une transformation, ce n’est pas simplement et brutalement appliquer une méthode ou suivre un protocole tout tracé. C’est entrer dans une relation vivante et vibrante, faite d’écoute, de doute parfois, d’intuition souvent et de présence toujours. Accompagner, ce n’est pas seulement transmettre un savoir-faire, c’est surtout incarner un savoir-être et tenir une posture claire, stable et cohérente. Dans le monde de l’accompagnement (social, thérapeutique, éducatif ou managérial) la posture adoptée par l’accompagnant est donc souvent plus déterminante que les outils qu’il utilise. Selon Reynaldo Perrone et Yara Doumit-Naufal auteurs de « Provoquer le changement: La méthode stratégique résolutive », quatre piliers constituent le socle de cette posture : l’Autorité, la Responsabilité, le Pouvoir et la Légitimité. Quatre mots, quatre repères, qui changent le regard qu’on porte sur soi et sur l’autre.

1. L’Autorité : celle que l’on se donne (ou pas) avec l’expérience

Ce n’est pas le titre présent sur la carte de visite. L’autorité est la crédibilité que l’accompagnant s’accorde à lui-même. Elle naît de l’intérieur, de la confiance que l’on s’accorde à soi-même. Elle se construit au fil des expériences, des remises en question, des réussites comme des échecs. Elle ne dépend pas des institutions ou des diplômes ; elle provient des connaissances et de l’expérience de l’accompagnant. C’est une qualité auto-générée qui se développe avec la pratique et l’expérience.

2. La Responsabilité : l’art d’assumer ce que l’on déclenche, avoir conscience de l’effet que l’on produit, volontairement ou non

La responsabilité, c’est la capacité à assumer les conséquences de ses actes et à se porter garant pour soi ou pour les autres. Chaque mot, chaque silence, chaque intervention peut avoir un impact profond sur la personne en face. La responsabilité, c’est donc assumer cet impact, le mesurer. Elle demande une attention fine à ce que l’on dit (et ne dit pas) et fait, en gardant à l’esprit que chaque mot, chaque silence peut toucher, apaiser ou fragiliser. C’est une invitation à rester conscient de l’empreinte que l’on laisse sur la vie intérieure de l’autre.

3. Le Pouvoir : faire émerger et produire du changement (avec éthique)

Un accompagnant a du pouvoir, mais pas celui de contrôler. Le vrai pouvoir d’un accompagnant, c’est celui de transformer. Le pouvoir est défini comme la capacité à produire un écart entre l’état avant et après l’intervention de l’accompagnant. C’est initier un mouvement, ouvrir une brèche là où il y avait un mur. Il s’agit de la capacité à générer un changement observable chez le bénéficiaire. Ce pouvoir doit être encadré par des responsabilités éthiques et déontologiques.

4. La Légitimité : ce que les autres nous reconnaissent

Contrairement à l’autorité qui est auto-générée, la légitimité vient de l’extérieur, elle est accordée par la société. Elle est socialement reconnue : diplômes, formations, expérience, certifications, reconnaissance des pairs, témoignages de bénéficiaires. Elle rassure, elle crédibilise, elle donne un cadre formel à ce que l’on fait.

Une posture qui libère plutôt qu’elle n’enferme

Accompagner, ce n’est pas faire à la place de. Ce n’est pas savoir pour l’autre. C’est tenir l’espace, soutenir le processus, et honorer le chemin de l’autre.

Ces quatre piliers se complètent, se renforcent, sont interconnectés et forment la base de la posture d’un accompagnement efficace et efficient selon Perrone et Doumit-Naufal. Ensemble, ils permettent à l’accompagnant de tenir sa posture avec justesse, sans basculer ni dans la toute-puissance, ni dans l’effacement (une autorité sans légitimité peut manquer d’assise / un pouvoir sans responsabilité devient une prise de contrôle / une légitimité sans autorité peut sembler creuse). En tant qu’accompagnant, le rôle n’est pas de prendre la place de l’autre, mais de lui transmettre :

  • l’autorité pour agir,
  • la responsabilité pour assumer,
  • le pouvoir pour transformer et produire des effets,
  • la légitimité pour revendiquer ce à quoi il a droit, le droit de réaliser les actions utiles pour son intérêt ou celui des siens

Et ce afin de soutenir les véritables transformations, en conscience et en choix. Celles qui libèrent, responsabilisent et permettent de reprendre pleinement sa place dans le monde. Et vous, dans votre pratique d’accompagnement, quels piliers sont les plus solides aujourd’hui ? Lesquels mériteraient d’être renforcés ?

Source,

Provoquer le changement La méthode stratégique résolutive, date de parution : Mars 2024, Pages : 186: https://www.esf-scienceshumaines.fr/sante-psy/323-provoquer-le-changement.html

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