Légende amérindienne: les deux loups. Il n’y a ni gagnant, ni perdant
Aller au-delà du conflit des forces intérieures. Selon une légende amérindienne nous aurions deux loups cachés au fond de nous, dans le tréfonds de notre âme. Et sans que nous en ayons forcément conscience des batailles se dérouleraient en permanence en nous. Y-a-t-il un gagnant et un perdant ? Peut-être pas…
Un soir, un vieux Cherokee voit son petit-fils s’approcher de lui, le visage fermé et inquiet. Il est en colère suite à une dispute avec son meilleur ami. Attentivement, le grand-père l’écoute. Et lorsque vient son tour de parole, il lui narre une histoire qui raconte un combat ordinaire – celui que mène chaque être humain sur Terre, tout au long de sa vie.
« Moi aussi il m’arrive de ressentir de la haine et de la colère contre ceux qui se comportent mal. Mais ces sentiments ne blessent pas mes adversaires. En vérité, ces sentiments m’épuisent. C’est comme avaler du poison et désirer que ton ennemi en souffre. J’ai souvent combattu ces sentiments. Tous les jours, un combat se déroule à l’intérieur de moi-même. Une lutte entre deux loups. »
« Deux loups, grand-père ? »
« Oui, deux loups: un loup blanc et un loup noir. Le loup noir est ténébreux, ombrageux. Il est méchant. Il ne connaît que la colère, l’envie, la jalousie, la tristesse, le chagrin, l’avarice, l’arrogance. L’apitoiement et un sentiment d’infériorité le poussent au ressentiment, au mensonge et à la vanité. Le loup blanc est lumineux. Il est bon. Il connaît la paix, l’amour, l’espérance, la sérénité, l’humilité, la bienveillance, l’empathie, la générosité, la vérité, la compassion et la foi. »
Recroquevillé sur lui-même, sourcils froncés et tête baissée, le petit-fils gamberge. Il réfléchit aux sages paroles de son aïeul. Et demande:
« Grand-père, et quel loup remporte ce combat ? »
Le vieux Cherokee se tourne vers son petit-fils, le regarde droit dans les yeux, sourit, et lui répond avec beaucoup de bienveillance :
« Celui qui gagne est celui que tu décides de nourrir. »
« Je vois, » affirme le petit-fils
« Mais le plus important n’est pas qui gagne. Car dans ce combat, il ne peut pas y avoir de gagnant. Si un loup remporte cette lutte, que ce soit le noir ou le blanc, il n’y aura que des perdants. »
« Je ne comprends plus, grand-père. Dans un combat n’y-a-t-il pas toujours un gagnant et un perdant ? »
« Les deux loups, le noir et blanc, ont mutuellement besoin l’un de l’autre. Ils font partie d’un tout. Nourris seulement l’un des deux et l’autre deviendra affamé et sera incontrôlable. Toutefois, si tu nourris et prends soin des deux, un équilibre se créera. Ils te serviront, en bien, et ils ne feront rien qui ne fasse partie de quelque chose de plus grand, de plus vaste, relié à la Vie. »
« Relié à la Vie…c’est-à-dire ? »
« Si tu chois et nourris les deux loups, il n’y aura donc plus de combat interne pour attirer ton attention. Et sans combat à l’intérieur de toi, tu pourras entendre la voix de ton savoir intérieur qui te montrera ce qui est juste en toutes circonstances.«