LA VIE, UNE HISTOIRE D’AMOUR AVEC SOI?
A l’époque de la surexposition, des selfies et d’un besoin d’être reconnu en tant qu’individu à part entière, qu’en est-il de l’amour de soi ?
Autosuffisance pour certain, nécessité pour d’autre, « L’amour de soi » est au cœur même de tout ce que nous vivons. Que cela soit dans notre rapport aux autres, nos relations intimes, amicales, le travail ou même la santé, bien s’aimer est une nécessité dans un monde qui nous demande sans cesse de redéfinir notre Je.
Mais s’aimer c’est quoi finalement ? Pour certain cela sera de pouvoir s’accepter physiquement, pour d’autres de se sentir dans un bien-être « relatif », enfin pour d’autres encore cela sera de s’accorder tout ce qui leurs fait envie.
Pourtant, s’aimer se révèle être un véritable parcours du combattant au point de faire vaciller nos certitudes lorsque nous vivons des situations difficiles. L’amour de soi est sûrement l’une des étapes les plus essentielles afin de trouver un équilibre dans nos vies.
De la connaissance de soi.
Dans son ouvrage « La vie, une histoire d’amour avec soi », Kalil-J.Macé nous explique que pour bien s’aimer, il est important de bien se connaître. Et que sans cette connaissance, nous pouvons avoir l’impression de répéter sans cesse les mêmes schémas au point de se culpabiliser de ne pas réussir à sortir de cette spirale infernale.
Nous sommes tous porteur d’une histoire et plus nous mettons en lumière cette histoire, plus nous pouvons comprendre comment nous nous sommes façonnés consciemment et inconsciemment. L’auteur nous explique que cette histoire va jusqu’à avoir un impact fondamental sur la construction de notre cerveau pouvant provoquer des difficultés à nous accueillir nous-même, jusqu’à nous pousser inconsciemment vers des choix de vie confirmant notre manque d’amour propre.
Ce manque d’amour envers soi, va nous pousser à rechercher de la reconnaissance d’autrui et, même si parfois leur façon de nous aimer n’est pas à la hauteur de nos espérances, nous pouvons poursuivre en allant vers des relations de plus en plus toxiques. Ceci, au point de devenir des dépendants affectifs.
Apprendre à se connaître, c’est prendre l’entière responsabilité de notre vie et de ce que nous en faisons.
Un narcissisme bien construit
L’amour de soi commence dans l’enfance avec les traces laissées par nos parents, nos éducateurs, qui auront un impact constructeur ou destructeur sur notre façon de nous aimer. Et c’est ce regard formateur que nous aurons transposé sur notre propre personne.
Au-delà de notre apparence physique, le narcissisme est une « fixation affective à soi-même ». Bien que les théories Freudiennes ont, depuis, été revisitées, ce dernier expliquait que sans un narcissisme bien construit il était difficile d’aller à la rencontre de l’autre. C’est aussi la porte ouverte à un besoin de reconnaissance excessif lorsque, enfant, nous n’avons pas été suffisamment reconnus. Et lorsque nous avons été reconnus pour ce que nous faisons et non pas pour ce que nous sommes, nous nous mettons en recherche de la moindre marque d’attention.
S’aimer passe par l’acceptation de son image, la construction d’une confiance en nos capacités et l’estime de soi. S’estimer revient à se (re)donner de la valeur. Une façon de poursuivre le travail qui n’a pas (suffisamment ?) fait en amont.
Et cela passera aussi par une gestion harmonieuse de nos émotions et de notre équilibre psychique. S’aimer c’est devenir la personne la plus importante pour soi-même et cultiver un égoïsme sain.
« Si la vie est une histoire d’amour avec soi, alors, je cultive une hygiène émotionnelle et psychologique aussi essentielle que mon hygiène physique ».
Mettre ses limites
L’auteur nous propose une « Echelle de l’amour de soi » qui nous invite à poser nos limites afin de nourrir plus de respect et d’affirmation. Car s’aimer c’est avant tout être conscient de nos limites et donc de nos besoins.
Trop souvent, l’idée de l’amour inconditionnel est associée au sens du sacrifice et parfois à la raison et au devoir. Mais lorsque amour rime avec abnégation de soi, nous ne prenons plus en charge nos besoins et nous remettons notre propre bien-être entre les mains de « l’Autre ».
Ainsi s’aimer est être à l’écoute de notre corps et des signaux qu’il nous envois sous forme de ressentis, de sensations agréables ou désagréables, voir de somatisation.
Mettre ses limites c’est réapprendre la bienveillance avec soi-même et, telle un parent nourricier, être à l’écoute de cet enfant qui demande de l’attention. C’est aussi grâce à cela que nous pourrons affirmer dans l’assertivité et non dans le rapport de force qui nous sommes et reprendre notre pleine puissance.
Affronter ses ombres
Plus nous apprenons à nous connaître et donc nous aimer, plus nous pouvons accueillir les parties de nous les plus sombres. C’est un autre enjeu de l’amour de soi. C’est là, où, l’amour devient inconditionnel et nous permet d’accepter que nous ne sommes pas parfaits. C’est aussi par le travail sur nos ombres et la manière dont notre scénario s’est construit (pour répondre à des injonctions parentales inconscientes afin de nous faire aimer) que nous pourrons poser des actes plus conscientes sur ce que nous décidons de garder ou de rendre en ce qui concerne notre histoire familiale.
Et l’auteur de poursuivre « plus nous accueillons nos ombres, comme un observateur sans jugement, moins nous serons surpris par les manifestations inconscientes de celle-ci ».
S’aimer pour mieux aimer
Enfin, lorsque l’amour de soi est en déficit, nous sommes tel des seaux percés avec lesquels nous essayons de remonter l’eau du puit. Bien que l’amour des autres cherche à nous abreuver, nous ne sommes jamais rassasiés.
Cela fait de nous des véritables junkies de l’amour nous explique Kalil-J.Macé.
Amour de soi et amour de l’autre vont de pair.
Plus nous sommes remplis de nous-mêmes, plus nous sommes à même de pouvoir donner un amour de qualité.
L’amour de soi nous permet d’aller à la rencontre de l’amour de l’autre.
A l’image d’une danse ou chacun devra respecter l’espace de l’autre, le jardin de l’autre, sans l’envahir, de le cultiver consciemment à deux, afin de créer un espace commun appelé le Nous.